Documents issus de l'enquête de 1986 en Belgique.

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D. Mc Murtrie
Les Sources

Les correspondants de Mr Douglas McMurtrie en 1986.

Ces lettres, parfois très intéressantes et toujours très émouvantes, ont été souvent écrites par des correspondants qui ne sont plus parmi nous aujourd'hui mais qui resteront des témoins incontournables de la vie des réfugiés belges en Angleterre durant ces terribles années de guerre.
Les copies de ces documents que très aimablement nous ont confiées John G. Bygate, nous ont semblé faire partie intégrante de l'histoire de Birtley-Elisabethville. C'est à ce titre qu'elles apparaissent ici dans leur intégralité. Certaines ont fait l'objet d'une traduction française.
  1. Madame C.Callens-t'Felt, Groenenborgerlaan 9, 2610 Antwerpen.
  2. Mr G.Capouillez, rue Arthur Regniers 38, 6543 Biennes-les-Happart
  3. Mr M. Colonval, Entreville 93, 6558 Lobbes.
  4. Mrs A. De Smet-Quarteer, Deken Josefienstr 3 2100 Deurne, Antwerpen
  5. Mr L. Dewitte, rue Paul Pastur 42, 7900 Leuze-en-Hainaut.
  6. Mrs R. Dockx-Snels, Muggenberglei 73, 2100 Deurne, Antwerpen.
  7. Mr E. Evrard, rue des Agasses, 6180 Courcelles, Charleroi.
  8. Miss E. Feremans, Brederodestr 184, bus 22, A n t w e r p e n (+) écrire à Mrs FAEMS-FEREMANS, 7 Walburghstraat, St Niklaas 9100.
  9. Mrs H. Garnier-Gilis, Kan. de Deckerstraat 68, Mechelen
  10. Mrs Hagens-Bruynel, Gabriel Vervoorstr 6, bus 2D,2100 Deurne, Antwerpen.
  11. Mr F. Janssens-Deneve, Schaperijkreekstr 16, 8400 Oostende.
  12. Mr A. Joos, Van de Weyngaertlei 58, 2070 Ekeren, Antwerpen.
  13. Mr L. Lenaerts, Germeer 78, 2491 Balen Olmen.
  14. Mr L. Mestdagh, Poolspad 25, 8300 Knokke - Zoute.
  15. La Nouvelle Gazette, Quai de Flandre 2, 6000 Charleroi.
  16. Mr Herman Peel, Konijnenboslaan 4, industrie park, 2, Gistel.
  17. Mr G. Pelkmans, Konongstraat 87, 2390 Weelde-Ravels (historien).
  18. Mr H. Perrier, Rue du Chemin de fer, 44, 7210 Cuesmes, Mons.
  19. Mrs F. Prowse, 7, St Mary's Close, Shincliffe, Durham DH 1 2 ND.
  20. Mr J. Schelfaut-Biesemans, Eugeen Verbiststraat, 17 2120 Schoten, Antwerpen.
  21. Mr P. Schrijvers, Merellaan 7, 3500 Hasselt (historien).
  22. Mr Jacques Scory, Rue de Tarcienne 63, 6280 Gerpinnes, Charleroi.
  23. Mr Six-Huyghebaert, Molendreef 49, 8420 De Haan
  24. Mr L. Somers, Rustoordstr 14, 2060 Merksem, Antwerpen.
  25. Dr R. Stevens, Begijnenstraat 14, 2300 Turnhout.
  26. Mr J. Timperman, Lge v. Sterbeekstraat 18, 2008, Antwerpen (copie de "A little piece of Belgium in the heart of Durham")
  27. Mr Trappeniers, Koningin Astridlaan 16, 3290 Diest Hasselt
  28. Mr Karel van Hoorick, Kaudenaerde 61, 1710 Dilbeek, Bruxelles.
  29. Miss D. Van Den Bergh, Duffelsesteenweg51, 2550 Kontich, Antwerpen.
  30. Mr A. Van Den Bosch, Morckhovenlei 37 bus 10, 2200 Borgergout, Antwerpen.
  31. Mrs Van Den Heynde, Henri Evenepoelstraat 2, 2020 Antwerpen.
  32. Mr F. Vanderput, Jan Denucestraat 2/339, 2020 Antwerpen.
  33. Mr C. Vandercappellen, Olmenlaan 13, 2820 Bonheiden, Mechelen.
  34. Madame Vijvermans Clémentine, Jodderie straat 61, Hoboken, Antwerpen.
  35. Miss R. Vanderheyden, 38 chaussée de Châtelet, 6060 Gilly, Hainaut.
  36. Mr André Frans, Stijn Streuvelslaan, 2500 Lier.

Turnhout, 19/7/1986
Dr R. STEVENS
Begijnsestraat 14
2300 Turnhout
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

concerne: votre demande dans la Gazet van Antwerpen du 17/7/86 sur les belges à Birtley en 14-18.

Moi-même, je suis né à Londres le 16 janvier 1916 de parents belges (STEVENS-NOUKENS), l'ainé des enfants. Trois mois plus tard, ils ont habité Birtley et y sont restés jusque mars 1919.
A Londres, mon père travaillait à la poste; il était invalide de guerre.
Il fut appelé à travailler à Birtley dans la fabrique de munitions.
Il avait subi auparavant les bombardements par le Zeppelin allemand.
Nous avons habité à Birtley dans un baraquement en bois. Nous avions aussi quelques amis anglais, des amis belges naturellement, notamment de la région de Diest. Après trois ans, j'avais appris à parler anglais, mais j'ai dû le réapprendre à l'école plus tard.
Le retour en Belgique fut très difficile par la présence de champs de mines: le voyage a duré trois jours et trois nuits sur le bateau.
Mon premier mot en arrivant à Anvers fut "Champion"!
Mon père est mort en 1967, à 81 ans, et ma mère en 1978, à 88 ans.
Avec mes salutations amicales,
(sé) Dr R. Stevens

Antwerpen, 23 juillet 1986
TIMPERMAN J.O.C.
18 Lge V. Sterbeekstraat 18
2008 Antwerpen.
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Après la surprise de lire votre appel dans le journal, comme je fais un petit peu partie de l'histoire de Birtley, je voudrais y contribuer.
Je vous envoie ce que je possède sur Birtley. Mon père, Jules TIMPERMAN, blessé en 1914, fut envoyé dans un hôpital à Nottingham. Là il fit la connaissance et épousa ma mère, Doris Frettingham.
Quand il fut remis de ses blessures, il fut envoyé à Birtley pour y travailler dans une usine de munitions. Je suis né dans la "Rue de Gand", le 11 janvier 1917. Quand nous avons quitté Birtley, nous sommes venus à Ypres où mon père a travaillé dur pour l'armée anglaise.
Quand les troupes ont quitté, avec leurs économies, mes parents ont ouvert sur la "Grand'Place" un café nommé "Nottingham House", fréquenté par la plupart des gens qui habitaient à côté de l'"Imperial Wargraves comission" veillant à tous les cimetières autour de la ville d'Ypres.
La communauté dépassait une centaine de familles, avec sa propre église, son école, sa troupe de boyscouts, etc si bien qu'elle formait une petite partie de la Belgique sertie au coeur de Durham comme une petite partie de la Belgique dans l'Angleterre.
Je suis, bien entendu, revenu à Birtley quelques fois et j'ai vu tous les changements et sa disparition progressive.
Comme je suis membre de la Legion britannique, j'ai adressé une plainte à propos de l'état du petit cimetière. A ce propos une lettre de la branche de Birtley me fend le coeur. Si quelque chose allait être sur ce sujet, j'apprécierais beaucoup en être informé, en recevoir une copie et payer pour cela.
Avec mes remerciements,
(sé) TIMPERMAN J.O.C.

Essai de traduction d'une coupure de journal écrite par Dick Godfrey intitulée :

A little piece of Belgium in the heart of Durham

et accompagnant la lettre de Mr Timpermans.

C'était la soirée du 11 Novembre 1918, la rue principale d'Elisabethville était enflammée de torches flamboyantes car les gens fêtaient la fin de la première guerre mondiale.
Des groupes de travailleurs venant de Gateshead se sont joints aux festivités. Une semaine plus tôt cela n'aurait pas été autorisé. Mais maintenant que la guerre est bien finie, toutes ces restrictions ont été abolies.
Dans les "pubs" de Birtley et de Gateshead, les "locaux" lorgnaient avec suspicion ces gens qui parlaient une curieuse langue, entrechoquaient leurs pintes, fêtaient la défaite des Huns et leur libération.
La porte marquant l'entrée à Elisabethville avait été gardée par des policiers depuis deux ans et seulement les porteurs d'un laisser-passer pouvaient la franchir. Ce soir, bien que la porte était grande ouverte, les résidents de Birtley "streamed in to take a peek at what had been the source of considerable suspicion, and a fair degree of hostility - the "huts".
Maintenant il ne reste que quelques "huttes". L'étendue d'Elisabethville est un typique état d'après-guerre, malpropre et sans caractère. Cependant, mettant de côté cet aspect délabré, il reste encore quelques rangées de tombes qui portent des inscriptions de noms étrangers.
Le long de la rue de Windsor, il y a deux constructions préfabriquées, bien conservées, qui sont devenues des réserves de magasin de garages. Quelques personnes qui passent par là se rendent compte qu'elles sont les vestiges d'un épisode remarquable de l'histoire du Nord-Est, de l'installation d'une portion d'un pays étranger dans le Comté de Durham, qui se suffisait à elle-même, possédait ses propres lois, son gouvernement communautaire, ses propres institutions et un style de vie complètement différent de la région avoisinante.
Elle portait un nom étranger, pas celui de notre bonne Reine, mais celui d'une reine étrangère. Et l'histoire de l'origine de cette petite partie d'une monarchie qui a franchi la mer du Nord est gravée dans le coeur de l'histoire indistrielle de cette région, de l'histoire du temps de guerre et des efforts qui ont permis la défaite de l'empereur Guillaume.

Origine de la guerre.

En août 1914, la Belgique devint le centre d'une guerre européenne quand les colonnes de l'armée allemande transgessèrent la frontière. Le récit des atrocités allemandes fit la une de tous les journaux anglais. L'appel à "La revanche des Pauvres Petits Belges" devint le mot d'ordre du recrutement de long en large du pays.
Un grand nombre de Belges se réfugièrent en Angleterre pour y vivre jusqu'à la libération de leur pays. Ils vinrent dans une région qui leur offrait non seulement de la sympathie, mais aussi un peu plus. L'interruption inattendue provoquée par la guerre a pris l'industrie de court. Le marché traditionnel d'exportation avait disparu. Dans le N-E par exemple, beaucoup de mines furent contraintes à la fermeture car leur surproduction ne pouvait plus s'exporter.
Peu à peu les industries ont manqué de main-d'oeuvre à cause de la guerre et la première vague de réfugiés belges trouva du travail dans les usines d'armements comme celle d'Armstrong à Newcastle. Elle ouvrit la voie qui allait s'ouvrir pour cette main-d'oeuvre.
Au printemps 1915 l'armée anglaise subit quelques revers en Flandres. Il devint bientôt clair que nos forces expéditionnaires étaient insuffisantes et manquaient de munitions. Dévoilé par la presse, ce manque de munitions devint un scandale national. Le gouvernement libéral tomba et une coalition fut mise en place par le bouillant gallois Llyod George, ministre des munitions. Il entreprit une croisade pour stimuler les anglais.

Ce que nous restreignons en matériel, nous le gaspillons en vie tonna-t-il, ce que vous économisez en argent, vous le payerez en sang.

Les firmes privées d'armements plaidèrent le fait qu'elles ne pouvaient produire davantage. Llyod George parvint à un compromis. Les compagnies acceptèrent le principe de construire de nouvelles usines placées sous leur commandement et entièrement financées par le gouvernement. Les Usines construites sur ce principe porteraient le nom de "National Projectile Factory".

Source du pouvoir.

Avec l'aide d'une traditionnelle réputation d'ingénieurs, d'une production d'acier et de charbon, et de l'existence d'une Usine d'armements renommée, la firme Armstrong Witword, la région du Nord-Est était une place idéale pour ce projet.
Un site près de la station de Birtley fut choisi parce que situé sur une grande voie de communication du N-E, avec un chemin de fer directement relié au réseau de Elswick, et équipé d'une grande source d'énergie en provenance de Dunston. Le site fut désigné par les Lords Durham et Ravensworth. Initialement il fut simplement acquis par le gouvernement suivant les règles de temps de guerre, mais à la fin, il fut payé par l'état au prix de £24.000.
Mais d'où proviendraient les forces de travail ?
Les gens du pays qui n'étaient pas engagés dans les tranchées en France travaillaient déjà dans d'autres industries vitales telles que les mines. A la fin de l'été 1915, il fut convenu que l'Usine de Birtley serait confiée aux Belges.
Il fut également convenu que, pour ne pas créer de difficultés avec les autorités locales, les ouvriers belges seraient dirigés par une autorité belge et une convention fut signée à cette fin par les gouvernements. L'année précédente, le leader socialiste belge avait soumis à Lloyd George l'idée d'une telle usine autocontrolée. Il avait écrit notamment :
Comme ils sont habitués à travailler dur, encouragés par un bon salaire, plus élevé que celui qu'ils ont généralement, nos ouvriers travailleraient dans des conditions, morales et matérielles, dont ils sont capables grâce à leur capacité et leur volonté".
Au moment où l'usine fut construite à Birtley, le gouvernement anglais était lui-même confronté au problème d'offrir de bonnes conditions de logement et de sécurité aux nouveaux travailleurs recrutés dans les usines d'armements. Il fut ainsi décidé de considérer le projet "Birtley" comme un "Village modèle expérimental", incluant quelques concepts de "cité jardin" de Letchworth et de Welwyn situés dans le sud de l'angleterre.

Cependant, la politique de recrutement de civils belges dans les usines de munitions échoua, pour la bonne raison que leur nombre fut nettement suffisant. Il y avait d'autre part bon nombre de soldats qui avaient été soustraits du front et le gouvernement belge accepta de détourner ceux-ci ainsi que les blessés de guerre en convalescence vers ce travail de guerre en Angleterre.
En 1916, une parcelle de pature en jachère, proche de la "National Projectile Factory" à Birtley fut acquise par les autorités d'Elisabethville pour y loger les familles dans des baraquements. Environ 700 cottages individuels furent construits rapidement en blocs de ciment, bois, planches et plâtre, alignés suivant des lignes géométriques, certains équipés de jardinets clôturés devant ou sur le côté des habitations, à l'usage des gens mariés et de leur famille.
Les célibataires étaient logés dans 22 barraquements en bois et il y avait également 3 réfectoires capables de recevoir 2.500 travailleurs assis, en même temps.
Au fur et à mesure du développement de ce nouveau complexe, d'autres aménagements furent ajoutés: une église, un grand hôpital avec un bloc opératoire et des installations RX, une école pour 500 enfants qui fut finalement démolie il y a quelques mois.
Très rapidement, on se trouva devant un état dans l'état. Il était administré suivant les règles militaires par des administrateurs belges et quelques officiers britanniques de liaison. Les ouvriers devaient porter l'uniforme militaire et n'étaient que rarement autorisé à quitter le complexe qui était entouré d'une clôture et d'une grille d'entrée gardée. L'administration belge avait établi sa propre juridiction, son propre service de police et même une prison pour les délinquants.
Les travailleurs civils d'Elisabethville par contre étaient pris en charge par des magistrats locaux s'ils contrevenaient aux lois britanniques. Il y a eu jusqu'à 6000 personnes travaillant à Birtley parmi lesquelles on comptait 1.200 enfants. Ils avaient leur propre magasins et leurs services sociaux, de même que leurs clubs sportifs et leurs associations culturelles. Comparée aux conditions de la vie régionale, les gens de Birtley avaient la belle vie. Cette partie du Comté de Durham fut connue comme pays de cocagne; elle avait son propre système de traitement des eaux sales. Au prix de 50 pounds par semaine pour un appartement à trois chambres, 40 pounds pour deux chambres, les belges avaient des logements confortables, bien équippés, chauffés et éclairés.

Aspects pêle-mêle.

On fut surpris de voir, avec un peu de jalousie, le confort des belges alors que la population locale vivait toujours comme au XIXe siècle. La plus grande source de friction fut l'argent. A ce moment, les gens de Durham qui n'avaient pas été mobilisés par le Roi ou la région, pouvaient gagner environ £2.50 par semaine alors que les ouvriers belges des usines de munitions avaient un salaire de £16 à £17. Les syndicats locaux ne mirent pas longtemps à tirer avantage de ces richesses. De grandes quantités d'oeufs et de viandes fraîches ont été vues à Elisabethville, alors que les locaux égrênaient leur maigres salaires de temps de guerre et ne mangeaient de corned beef que les dimanches quand ils avaient de la chance.
Les épouses des ouvriers belges furent autorisées à sortir du campement et ramenaient des sacs pleins des fermes des environs pour compléter leur approvisionnement déjà excessif. La plupart des magasins de la localité faisaient un troc dans le système des deux tiers: un pour les locaux et deux pour les belges.
Mais, en dépit des facilités à l'intérieur d'Elisabethville, l'ennui était le problème majeur. Un grand nombre d'ouvriers étaient des jeunes célibataires avec de l'argent plein les poches, qui faisaient la plus grande attraction des prostituées de Tyneside et de Wearside qui affluaient à Birtley les soirs de jours de paye. Il fut largement suspecté en dehors des baraquements, et non sans raison, que les belges qui ne voulaient pas payer leur plaisir, le trouvait parmi les épouses et fiancées des britanniques locaux qui servaient dans les tranchées.
Pour les soldats britanniques qui revenaient en permission, la situation leur semblait surréaliste. Alors qu'ils risquaient leur vie pour libérer "la pauvre petite belgique" pendant qu'en Angleterre un grand nombre de belges semblaient mener une vie de château ! Cela prit une telle ampleur que les locaux envisagèrent même de faire la grève à moins que quelque chose ne fut entrepris concernant la différence entre leur niveau de vie et celui qui règnait à l'intérieur des grilles.
"Leur attitude envers les belges aurait du être quelque peu sympathique", observe un conseiller local, "mais dans ces circonstances, c'était impossible. Ils avaient un gros salaire, ils étaient bien nourris et en plus ils se sont corrompus avec autant de femmes qu'ils en voulaient. Toute la colonie était devenue un sale repaire d'iniquité".
Quand la guerre fut terminée, et après les célébrations, le rapatriement des belges devint une priorité. Le gouvernement belge était anxieux de les voir revenir pour aider à la reconstruction de leur pays en ruine. Les autorités britanniques souhaitaient également le retour de leurs hôtes. Il y avait en effet un danger que les belges soient compétitifs sur le marché du travail au moment de la démobilisation.
Des arrangements furent prévus pour reconduire rapidement les belges chez eux. Quelques uns, qui avaient épousé des femmes locales sont restés. C'est ainsi que certains noms à assonnance belge apparaissent encore lors des élections. Mais bon nombre de ceux-ci ont anglicisé leur nom depuis lors.
Elisabethville a laissé un héritage beaucoup plus important qu'un simple nom dans un registre local, un reste de cimetière et deux constructions préfabriquées. Elle a radicalement changé la société de Durham. Le carcan économique qui s'exerçait par les anciennes compagnies de l'acier et du charbon s'est rompu. Les terrains qui ont été pendant des siècles la propriété d'une certaine bourgeoisie, grâce à la guerre tombèrent dans l'escarcelle du conseil local qui put les utiliser dans la construction de logements sociaux bien nécessaires.
Une conscience sociale et politique a pris jour parmi les travailleurs locaux qui ont compris qu'on avait octroyé à des étrangers de passage de bien meilleures conditions de vie que laes leur. La jalousie et la concupiscence se muèrent en action politique. Birtley s'est ainsi dotée d'une branche florissante du Parti communiste bien avant qu'apparaissent la fraction connue sous le nom de "Petit Moscou de Chopwell"! Et le site de la "National Projectile Factory" qui a produit Elisabethville est devenu ainsi le germe naturel de développement d'un état industriel qui a permis dans la suite le développement de beaucoup d'entreprises actuelles.

Diest, 20 juillet 1986
Edouard TRAPPENIERS
Avenue Reine Astrid, 16
3290 DIEST.
B E L G I Q U E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur Mc Murtrie,

J'ai été agréablement surpris de voir votre article paru dans mon journal "De Gazet van Antwerpen", où mon beau-fils occupe le poste de directeur financier, et il m'est agréable de vous répondre et de porter à votre connaissance que je suis, Edouard TRAPPENIERS, né à Louvain le 20/02/1893, habitant actuellement à l'avenue reine Astrid, 16, à Diest, heureux de vous communiquer les informations qui suivent.
Etant milicien de la classe 1913, j'ai été engagé dans l'artillerie quand la guerre survint, j'étais à Liège. Après plusieurs campagnes, je me suis retrouvé sur le champ de bataille de l'Yser le 24 octobre 1914.
Après avoir été engagé dans différents secteurs je me suis retrouvé dans la secteur de Caeskerke, près de Dixmude. A ce moment, à cause d'un manque de munitions il fut fait appel aux techniciens belges pour apprendre à un milliers de réfugiés à fabriquer des obus et l'autorité militaire belge fit appel à 50 techniciens vétérans de la 6e division du front. C'était au début de l'été 1916.
Après un test de capacité, nous sommes partis vers calais puis Folkestone et Londres pour finalement prendre le train de Charing Cross vers Newcastle et de là à Birtley par un train local.
Nous, les 50 techniciens, furent les premiers belges arrivés. Nous avons été confiés à un 1er ingénieur pour préparer la fabication d'obus de 8 pouces pour la Americal Lybbis. A Birtley, on fabriquait les obus de 5, 6 et 8 pouces. Quand j'ai constaté que de ces 50 techniciens plusieurs avaient été proposés comme chef d'équipe, j'ai demandé à l'Ingénieur chef de service, Monsieur Dopagne, de pouvoir aussi diriger une équipe. A la question qu'il me fit :
N'êtes-vous pas trop jeune pour mener des hommes?"
je lui répondis qu'au front j'en avait déjà dirigé.
Un huitaine de jours plus tard, il vint me trouver et me mis aux obus de 8 pouces. Les améliorations que nous avons proposées ont fait progresser la production quotidienne d'obus de 48 à 140 pièces. En faisant part de ce résultat à mon chef de service, celui-ci me répondit: "Sapristi, cela aurait du être réalisé plus tôt !" Ce à quoi je lui répondit, "Si au moins vous m'aviez mis plus tôt ici, cela aurait été fait beaucoup plus tôt !"
Plusieurs fois les ouvriers belges de Birtley ont reçu des félicitations de Mr Lloyg George, Ministre des Munitions, pour notre remarquable rendement.
Birtley-Elisabethville, avec sa population belge, était une petite ville où les belges entretenaient de très bonnes relations avec la population anglaise. Elisabethville était assez étendue avec des maisons préfabriquées rationnelles et bien équipées, donnant chacune sur un jardinet. Il y avait aussi une église, un restaurant, une coopérative, des écoles et un cinéma. Il y avait aussi un poste de gendarmerie belge qui n'a pas su éviter un soulèvement des ouvriers réagissant à la discipline sévère imposée par l'armée. Les policiers anglais ont rétabli l'ordre en se substituant à la gendarmerie belge et tout devint alors OK.
Après l'armistice, nous avons encore travaillé pendant deux deux mois et demi. Je suis resté là jusqu'à la fin et j'ai fabriqué pour le Lieutenant Bingham 4 réductions d'obus de 8 pouces. Pour ce travail, le lieutenant m'a offert au départ du train, une boite de cigare.
Je peux vous certifier qu'à notre départ de Birtley-Elisabethville, beaucoup d'anglais avaient des larmes aux yeux et je puis vous dire qu'après plus de 70 ans, je me rappelle de tout.
Ensuite, nous avons gagné Hullen par train puis nous nous sommes embarqués sur un bateau de transport vers Yarmouth. La nuit, nous sommes resté bloqué à cause des mines et le matin, nous avons repis notre route vers Anvers.
Après 15 jours de congé militaires, je suis retourné à l'armée pour y effectuer un service de Chef de garage dans un corps de transport jusque fin août 1919.
A près deux bonnes années, j'ai été réengagé dans l'aviation belge comme chef mécanicien IESC à Schaffen près de Diest. En 1940, j'ai été rappelé le 10 mai et j'ai eu beaucoup de chance car les premières bombes sont tombées tout près de moi. J'ai été fait prisonnier de guerre à Bourg Léopold.
En conclusion, je peux vous dire que j'ai gardé un excellent souvenir de mon séjour à Birtley-Elisabethville.
Cher Monsieur, si vous souhaitez recevoir d'autres informations, je reste à votre disposition avec ma plus haute considération.
(sé) Edouard TRAPPENIERS

Dilbeek, 25 juillet 1986
Karel Van HOORICK
Audenardestraat 61
1710 - Dilbeek.
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Je suis très intéressé par votre lettre publiée dans "Het Laatse Nieuws" du 16 juillet 1986.
Comme vous pouvez le voir, je suis né à Birtley le 5 janvier 1918. Je suis aussi un enfant belge de la guerre et un "Jordy" du Nord.
Je vais tenter d'éclairer un peu votre puzzle.
Mon père, Lieutenant Ferdinand, Maire, Léo Van HOORICK fut blessé sur l'Yzer le 15 mars 1915 (trépanation). Après un an et demi de convalescence il fut guéri et se présenta lui-même aux autorités belges du Havre où il vivait alors. Il reçut un travail de seconde ligne à la fin de 1916 et devint le militaire responsable financier du restaurant de la colonie belge d'Elisabethville.
J'ai visité ce bâtiment en juillet 1957. Les habitations semi-permanentes construites en 1915/1916 étaient déjà démolies en 1957.
Le Lieutenant Léo Van Hoorick était à Elisaberhville depuis le début de l'année 1917 dans l'équipe chargée du "Dining Hall". Il y resta jusque février 1919 quand il revint à Dilbeek.
En décembre 1918, ils furent tous, civils et militaires, démobilisés et rentrèrent chez eux.
Il était le père de Jean, Albert, Karel Van Hoorick, né le 15 décembre 1916 au Havre, et une seconde fois en décembre 1918 de Charles Van Hoorick, son second fils. Mes parents se sont mariés en août 1912 et restèrent sans enfants jusquau mois d'août 1914. Ma mère, enseignante et brancardière, rejoigna le front en novembre 1914 et travaillait alors à l'Hôtel de l'Océan à La Panne où plus tard, le Roi Albert 1er et son épouse, la reine Elisabeth, séjournèrent pendant la guerre. Elle resta à La Panne jusqu'à l'été 1915 et suivit ensuite son époux, le lieutenant Léo Van Hoorick.
Avec mes parents, nous habitions une coquette, mais froide maison à Birtley où séjournait également Mr Louis NAGELS. Il mourut chez mes parents à Dilbeek. Il avait été gazé pendant la guerre à Ypres en août 1915 et quand il fut guéri, il fut engagé par mon père en tant qu'aide de camp à la fin de 1916. Il travailla beaucoup pour mes parents et leurs enfants, et prenait régulièrement sa bière le samedi soir à Gateshead.
Je suis catholique romain et fut baptisé dans l'Abbaye de Durham.
(sé) Karel Van HOORICK

Kontich, 5 août 1985
Doris VAN DEN BERGH
Duffelsesteenweg, 51
2550 - KONTICH
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Je réponds volontier à votre demande dans les journaux belges.
Mon père fut blessé au front de l'Yzer. Réformé, il fut envoyé en Angleterre afin d'y être soigné. Il y fut retenu pour un service militaire et appelé pour travailler dans une fabrique de munitions à Birtley.
Mon frère, Félix VAN DEN BERGH, est né à Birtley le 9 décembre 1918.
Je vous donne ci-joint, une copie légalisée de l'acte de mariage (26 décembre 1916) de mes parents : Henri VAN DEN BERGH ( B.19.b Rue de Dinant, Elisabethville) et Victoria Maud FALKNER (118, newcomen's road, Wellingborough).
Mon père est décédé le 5 septembre 1975 et ma mère, le 11 juillet 1985.
Cher Monsieur, j'espère que ces renseignements vous seront utiles et vous présentes toutes mes amitiés.
Doris VAN DEN BERGH

Borgerhout, 12 juin 1986
Monsieur A. VANDENBOSCH
Morchkovenlei 37 B 10
2200 BORGERHOUT
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

A la fin de la première guerre mondiale j'avais 7 ans. Mes parents, sous l'impulsion de ma tante qui avait déjà gagné, avec sa fille, Preston dans le Lancashire, sont partis à pied, pendant trois jours, vers la Hollande où ils ont pu finalement quitter Vlissingen pour Londres, et ensuite Preston par chemin de fer, où nous avons été pris en charge très amicalement par les familles FIRTH et GODE.
Nous restés à Preston, rue Hartington n°10, sur la rivière Ribble, pendant une année.
Mon frère qui avait alors 6 ans, et moi-même, allions à l'école St Wilfried. Mon père, ? VANDENBOSCH qui avait travaillé dans une usine de textile ne souhaitait pas, pour des raisons de santé, rester à ne rien faire, et accepta l'occasion qui lui était offerte d'aller travailler à Birtley. Il partit donc le premier et fut rejoint quelques semaines plus tard, par sa femme et ses trois enfants (notre petite soeur avait alors 2 ans).
Jusqu'à la fin de la guerre, nous sommes restés au camp d'Elisabethville dans une petite maison située à B 20 C avec une avant-cour. Notre père travaillait jour et nuit dans la fabrique de munitions. Ma mère lessivait et reprisait pour différents soldats réformés. Il y avait également une école belge et je me souviens encore très bien des années heureuses que nous avons vécues à Elisabethville.
(sé) Monsieur A. VANDENBOSCH

Antwerpen,
Melle VAN DEN EYNDE
2 Henri Evenepoelstraat
2020 ANTWERPEN.
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Je suis la belle-fille de Mr VAN DEN EYNDE. J'ai épousé leur plus jeune fils qui est né à Birtley. Juste une petite lettre pour vous faire savoir que mon beau-père et son épouse avec 2 enfants et leur grand-père ont vécu à Birtley où mon beau-père a travaillé dans l'usine.
Ceci pourra peut-être vous aider un peu.
Sincèrement,
(sé) Melle VAN DEN EYNDE

Anwerpen, 22 août 1986
Mr Frank VANDEPUT
Jan Denucéstraat 2/339
2020 - ANTWERPEN.
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Je suis un petit-fils d'un des belges qui ont vécu en Angleterre durant la période de la première guerre mondiale. Je suis moi-même très intéressé par l'histoire, spécialement l'histoire de l'Angleterre, et j'ai eu l'occasion de visiter à plusieurs reprises le Royaume Uni pas seulement avec la sensibilité d'un touriste ordinaire mais aussi comme une partie de l'histoire de ma famille.
Mes deux grand'mères ont été à l'école en Angleterre durant la première guerre mondiale. Egalement, lors de la dernière guerre, l'appel de Londres fut important pour ma famille et mon père, qui, membre de la résistance armée, reçut des soldat de l'armée britannique au moment de la libération en 1944.
Ma grand'mère paternelle était à cette époque en service dans l'armée britannique, en tant que ATS belge (j'ai encore ses insignes dans ma collection privée d'objets militaires). Cette grand'mère est décédée l'année passée.
Ma grand'mère maternelle habite quelques étages plus bas dans le même building que le mien, et je la vois encore presque tous les jours. Elle est en bonne santé et se rappelle très clairement de ses années de jeune-fille passées en Angleterre. Elle aura 85 ans en décembre prochain ! Il m'est très agréable de pouvoir vous écrire en anglais mais je suppose que vous vous interessez davantage à ce que peut encore raconter ma grand'mère sur l'époque qu'elle a passée en Angleterre durant la période 1914-1918.
Son nom est Maria MISSOORTEN. Elle s'est échappée, avec sa famille, de la ville d'Anvers durant son siège en octobre 1914. Ils partirent en Angleterre en passant par Vlissingen en Hollande.
La famille MISSOORTEN resta alors quelques temps à la cour des comptes à Londres, puis parti pour Tatcham près de Newbury dans le Berkhire. Là, ma grand'mère fréquenta l'école nationale (Aujourd'hui, l'école Ste Marie). Dans un petit livre intitulé "Tatcham Then and Now" écrit par William et Jennifer Butler en 1983, vous trouverez à la page 29 une photo d'enfants de l'école nationale; la fille avec de long cheveux noirs au centre du premier rang est ma grand'mère. Elle possède encore l'original de cette photo du Jeu de St George et du Dragon.
Plus tard, la famille MISSOORTEN retourna à Londres où elle vécut près de Crapton Lane/Holiport Road. A cette époque, ma grand'mère travailla dans une usine de munitions. Elle se rappelle qu'elle devait prendre un bus en direction de Hammersmith et descendre à la rue Dolls. L'usine de munitions Morrisson se situait à la rue Fullham dans le bois Sheppard. Elle travaillait au tour.
A la fin de la guerre, la famille revint en Belgique mais elle retourna souvent visiter l'Angleterre, retrouver ses amies d'école dans le village de Tatcham. Elle y restait parfois trois mois car c'était devenu pour elle un havre de paix non seulement pendant les mauvaises années mais aussi pendant les bonnes années qui suivirent. Ma grand'mère est restée très fière des photos qui ont été faites à l'usine Morrisson mais elle n'en a plus vues depuis longtemps.
Je vous envoie une copie du journal de 1968 quand nous avons été, ma grand'mère et moi, à l'école Ste Marie (mais l'article a mal orthographié mon nom). C'était le 50ème anniversaire de la grande guerre, il y a aujourd'hui 68 ans déjà, et ma grand'mère en parle comme si c'était hier!. Elle guette les émissions des deux canaux de la BBC jusqu'à des heures tardives à cause du changement horaire, et lit les nouvelles du monde chaque semaine ...
Mr Frank VANDEPUT

Bonheiden, 31 juillet 1986
Charles VANDERCAPPELLEN
Olmenlaan, 13
2820 - BONHEIDEN
B E L G I E

A Monsieur D. McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Dans notre journal flamand "Het Laatse Nieuws", j'ai lu que vous vous intéressez aux belges qui ont travaillé dans l'industrie de la guerre durant la première guerre mondiale, à Birtley près de Newcastle-on-Tyne et que vous souhaitiez recevoir des informations sur ces belges. Eh bien, je suis l'un d'entre eux.
J'étais seulement un jeune garçon à ce moment-là et j'y ai travaillé pendant deux ans, je pense; de toute façon, jusqu'à la fin de la guerre le 11 novembre 1918. Avec ma mère et son second mari, je suis revenu en Belgique où je vis depuis lors. J'ai actuellement 84 ans !
La majorité des belges qui travaillaient là-bas étaient des soldats réformés qui ne devaient pas retourner au front parce qu'ils avaient été blessés.
Je ne peux pas vous dire combien de jeunes de cette époque vivent encore.
Il est cependant très agréable de se souvenir de cette époque après tant d'années et j'espère que ces petites informations vous soient de quelque utilité.
J'ai été heureux d'entendre, après tant d'années, quelqu'un s'intéresser au travail de nombreux belges, c'est ainsi que j'ai eu vraiment beaucoup de plaisir de répondre à votre appel du journal.
Avec mon amitié,
(sé) Charles VANDERCAPPELLEN

Hoboken, 22 juillet 1986
Clémentine VIJVERMANS
Yodderiestraat 61
Hoboken Antwerpen
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

J'ai lu votre article dans "Het Gazet van Antwerpen" dans lequel vous demandez s'il existe encore des personnes qui ont été à Elisabethville-Birtley. Laissez-moi vous dire, cher Monsieur, que nous y avons séjourné pendant 3 ans et demi avant de revenir en Belgique. J'avais alors 9 ans.
Mon père a travaillé dans cette usine pendant la guerre et ma mère avait trois jeunes enfants. Ainsi chacun avait son travail.
Nous, ma soeur et moi-même, allions à l'école des soeurs ursulines de Malines.

Notre camp se composait :

  1. d'une bonne école
  2. d'une cantinne
  3. d'une boucherie
  4. d'un petit hôpital (il y avait 22 bons lits)
J'ai souvent entendu mon père raconter qu'il y avait une plaine de jeux où on jouait du Hand ball le dimanche. Notre camp était clôturé et les portes fermées tous les soirs.
Nous habitions une jolie petite maison qui avait une grande cuisine, trois chambres à coucher et une petite arrière-cuisine. J'ai encore une photographie de notre petite maison qui ressemblait à une petite villa qu'on surnommait la villa Clémentine parce que j'étais la plus âgée des enfants.
Nous y avons passé un très bon temps.
J'ai demandé à des jeunes de la seconde guerre mondiale si Birtley était toujours là et ils m'ont répondu qu'elle était encore là, ce qui m'a fait le plus grand plaisir car nous en avons gardé de très bons souvenirs.
Ainsi donc Monsieur, je ne sais rien de vous mais je pense qu'il y a encore des personnes qui pourraient vous renseigner.
J'ai fait ci-dessous un croquis de l'intérieur de notre petite maison.
Cher Monsieur, je termine ici ma lettre en vous disant qu'il y a eu à Birtley plusieurs personnes d'Hoboken dont beaucoup sont morts. Moi-même j'ai 76 ans.
Avec mes meilleures salutations de Hoboken près d'Anvers.
(sé) Clémentine VIJVERMANS
Un cottage chaleureux

Châtelet, le 15 juillet 1986
R. VANDERHEYDEN
34 Chaussée de Châtelet
6060 Gilly
Hainaut Belgique

A Monsieur D. McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Monsieur,

Mon père, Joseph VANDERHEYDEN, était à l'usine de Birtley; il vernissait les obus mais est décédé en 1948. Il nous envoyait de l'argent. Je vous joins quelques documents.
Il habitait dans le bloc I 5 D.
J'ai vu la station de Birtley plusieurs fois en allant en Ecosse. Son ami, Monsieur Vancomphout (Victor Cromphaut) est enterré dans le cimetière de Birtley (en fait, Victor CROMPHAUT a été inhumé à Fers-le-street en 1917) et sa fille (Olga Cromphaut) était à l'école de Birtley (de même que ses trois frères: Robert, Georges et Emile-Albert).
Ce Monsieur possédait une usine en Belgique à Gilly lez Charleroi (confusion probable avec les forges de Gilly, dirigées par H. Debauche)
Je vis avec ma mère âgée de 98 ans. Si je trouve de la documentation, je vous l'enverrai.
Recevez mes salutations distinguées.
(sé) R. VANDERHEYDEN

Lier, le 18 février 1988
André FRANS.
StijnStreuvelslaan, 47
2500 - LIER
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

En cherchant un vieux papier dans une caisse, ma femme est tombée sur une coupure de journal que m'envoya une tante, il y a deux ans. Par cet article, j'apprends que vous vous intéressez aux belges qui ont été employé dans les usines de munitions à Birtley.
En fait, le grand-père de mon épouse, Frans NAUWELAERTS, y fut employé durant la première guerre mondiale. Sa tante possédait une photographie le montrant dans une usine de munitions (je pense qu'il s'agissait bien de Birtley). Ses enfants (mon beau-père et la tante de mon épouse) se souviennent encore de leur séjour, d'abord à York, ensuite dans le camp d'Elisabethville-Birtley. Ils avaient respectivement 4 et 11 ans.
J'aurais dû vous écrire cette lettre immédiatement après avoir lu cet article en vue d'établir un contact avec vous plutôt que d'avoir postposé celui-ci.
Si ces informations peuvent encore vous être utiles, n'hésitez pas à m'écrire, posez-moi des questions, etc..
Sincèrement à vous, (sé)André FRANS


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