Documents issus de l'enquête de 1986 en Belgique.

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D. Mc Murtrie
Les Sources

Les correspondants de Mr Douglas McMurtrie en 1986.

Ces lettres, parfois très intéressantes et toujours très émouvantes, ont été souvent écrites par des correspondants qui ne sont plus parmi nous aujourd'hui mais qui resteront des témoins incontournables de la vie des réfugiés belges en Angleterre durant ces terribles années de guerre.
Les copies de ces documents que très aimablement nous ont confiées John G. Bygate, nous ont semblé faire partie intégrante de l'histoire de Birtley-Elisabethville. C'est à ce titre qu'elles apparaissent ici dans leur intégralité. Certaines ont fait l'objet d'une traduction française.
  1. Madame C.Callens-t'Felt, Groenenborgerlaan 9, 2610 Antwerpen.
  2. Mr G.Capouillez, rue Arthur Regniers 38, 6543 Biennes-les-Happart
  3. Mr M. Colonval, Entreville 93, 6558 Lobbes.
  4. Mrs A. De Smet-Quarteer, Deken Josefienstr 3 2100 Deurne, Antwerpen
  5. Mr L. Dewitte, rue Paul Pastur 42, 7900 Leuze-en-Hainaut.
  6. Mrs R. Dockx-Snels, Muggenberglei 73, 2100 Deurne, Antwerpen.
  7. Mr E. Evrard, rue des Agasses, 6180 Courcelles, Charleroi.
  8. Miss E. Feremans, Brederodestr 184, bus 22, A n t w e r p e n (+) écrire à Mrs FAEMS-FEREMANS, 7 Walburghstraat, St Niklaas 9100.
  9. Mrs H. Garnier-Gilis, Kan. de Deckerstraat 68, Mechelen
  10. Mrs Hagens-Bruynel, Gabriel Vervoorstr 6, bus 2D,2100 Deurne, Antwerpen.
  11. Mr F. Janssens-Deneve, Schaperijkreekstr 16, 8400 Oostende.
  12. Mr A. Joos, Van de Weyngaertlei 58, 2070 Ekeren, Antwerpen.
  13. Mr L. Lenaerts, Germeer 78, 2491 Balen Olmen.
  14. Mr L. Mestdagh, Poolspad 25, 8300 Knokke - Zoute.
  15. La Nouvelle Gazette, Quai de Flandre 2, 6000 Charleroi.
  16. Mr Herman Peel, Konijnenboslaan 4, industrie park, 2, Gistel.
  17. Mr G. Pelkmans, Konongstraat 87, 2390 Weelde-Ravels (historien).
  18. Mr H. Perrier, Rue du Chemin de fer, 44, 7210 Cuesmes, Mons.
  19. Mrs F. Prowse, 7, St Mary's Close, Shincliffe, Durham DH 1 2 ND.
  20. Mr J. Schelfaut-Biesemans, Eugeen Verbiststraat, 17 2120 Schoten, Antwerpen.
  21. Mr P. Schrijvers, Merellaan 7, 3500 Hasselt (historien).
  22. Mr Jacques Scory, Rue de Tarcienne 63, 6280 Gerpinnes, Charleroi.
  23. Mr Six-Huyghebaert, Molendreef 49, 8420 De Haan
  24. Mr L. Somers, Rustoordstr 14, 2060 Merksem, Antwerpen.
  25. Dr R. Stevens, Begijnenstraat 14, 2300 Turnhout.
  26. Mr J. Timperman, Lge v. Sterbeekstraat 18, 2008, Antwerpen (copie de "A little piece of Belgium in the heart of Durham")
  27. Mr Trappeniers, Koningin Astridlaan 16, 3290 Diest Hasselt
  28. Mr Karel van Hoorick, Kaudenaerde 61, 1710 Dilbeek, Bruxelles.
  29. Miss D. Van Den Bergh, Duffelsesteenweg51, 2550 Kontich, Antwerpen.
  30. Mr A. Van Den Bosch, Morckhovenlei 37 bus 10, 2200 Borgergout, Antwerpen.
  31. Mrs Van Den Heynde, Henri Evenepoelstraat 2, 2020 Antwerpen.
  32. Mr F. Vanderput, Jan Denucestraat 2/339, 2020 Antwerpen.
  33. Mr C. Vandercappellen, Olmenlaan 13, 2820 Bonheiden, Mechelen.
  34. Madame Vijvermans Clémentine, Jodderie straat 61, Hoboken, Antwerpen.
  35. Miss R. Vanderheyden, 38 chaussée de Châtelet, 6060 Gilly, Hainaut.
  36. Mr André Frans, Stijn Streuvelslaan, 2500 Lier.

Balen, 12/08/1986
Ludo LEENAERTS,
Germeer 78
2491 Balen - Olmen
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Mon grand-père fut, pendant environ deux ans durant la première guerre mondiale, occupé dans la fabrique de munitions de Birtley du 16 octobre 1916 au 10 décembre 1918. Son nom est Louis SCHOETERS. Il est né le 1/05/1894 et est toujours en bonne santé à près de 92 ans.
Il nous a souvent raconté son histoire pendant cette première guerre mondiale, ce que j'ai eu l'occasion de dire lors de mon voyage à Birtley en 1981.

A Birtley, je fus interrogé par Mrs E. Letch : secrétaire au Conseil paroissial de Birtley. Elle m'a envoyé un plan du camp d'Elisabethville. Elle m'a demandé si j'avais plus d'informations sur mon grand-père que celles que je lui avais envoyées et qu'elle contacterait les belges qui seraient restés à Birtley.
Après cette lettre, je lui ai renvoyé les photos des presonnes que mon grand père a dû connaître.
J'ai reçu aussi de Birtley une lettre de quelqu'un habitant Kibbelsworth (Mrs Ghusu ou un nom approchant) qui a travaillé à l'hôpital durant la première guerre mondiale. Ses coordonnées : Mrs Ghusu, 5 Greenford, Kibblesworth, Gateshead NE II OTJ
Depuis, je n'ai plus eu de contact avec Birtley.

J'espère, avec mon grand-père, que vous apprendrez encore beaucoup sur le camp de Birtley.
Nous resterons en contact avec vous dans l'avenir.
Espérant une réaction positive de votre part, je vous suis très reconnaissant,
(sé) Ludo LEENAERTS.

Knocke - Le Zoute, 18/08/86
MESTDAGH Louis
Poolpad 25
8300 Knocke - Zoute
B E L G I E

A Monsieur D. McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur Murtrie,

J'ai lu votre nom dans le journal ainsi que votre enquête au sujet des ouvriers des usines de munitions en 1914.
J'avais 17 ans quand je parvins par bateau, la nuit, à Burminghworkeel pour une durée d'un an, appelé par notre gouvernement pour faire quelquechose dans le domaine des obus chez Pelabon.
Je ne me rappelle pas beaucoup de Birmingham. Je logeais parfois à l'hôtel Albert (?)
J'ai 89 ans, bientôt 90 ...
En Angleterre, j'ai appris à boire du thé et je devins un grand buveur de thé.
(sé) Mestdagh Louis.

Le 22 juillet 1986
Jean-Pierre VANDERMEUSE.
La Nouvelle Gazette
Quai de Flandre, 2
6000 Charleroi. BELGIQUE

Mr Douglas Mac Murtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Mr Douglas Mac Murtrie,

En réponse à votre lettre du 8 courant, je vous prie de trouver ci-joint une coupure de journal montrant comment votre appel a été publié.
J'espérais pouvoir vous donner quelques uns des témoignages que vous cherchez. Malheureusement nous n'avons eu aucun retour à cette annonce.
A mon avis, on aurait de meilleurs résultats si nos lecteurs pouvaient voir plus de détails et de photographies comte tenu de la dispersion de nos éditions de la Nouvelle Gazette et de La Province.
C'est la raison pour laquelle je pense me rendre à Birtley en août prochain, le mardi 5 et le vendredi 8. J'espère avoir l'avantage de pouvoir vous rencontrer à cette occasion et je reste, cher Monsieur, votre obligé.
L'éditeur,
Jean-Pierre VANDERMEUSE.
La Nouvelle Gazette.

Gistel, le 11/08/1987
Herman PEEL

GISTEL
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Il y a déjà logtemps que j'avais retrouvé et lu les lettres et les documents que mon père avait conservés de l'époque de la guerre 14-18. Votre demande m'en avait donné l'occasion d'y revenir et n'ayant pu le faire plus tôt, c'est seulement après un an que je peux vous répondre.

Mon père, Charles PEEL, né à Gistel le 4/08/1887 et décédé à Gistel le 15/08/1973 et son frère, Eugeen PEEL, né à Gistel le 24/11/1891 et décédé à St Jacobskapelle (Diksmuide) le 30/07/1917 ont eu un enseignement primaire jusqu'à leur 14 ans, suivi d'un travail chez mon grand-père August PEEL, qui avait la profession de constructeur de moulin et avait appris l'usage des instruments de travail.
Après l'irruption et la percée des troupes allemandes chez nous en août 1914, il y eut un ordre d'évacuation vers la France de tous les hommes âgés de plus de 16 ans.
Mon père et son frère quittèrent donc Gistel (situé à environ 10 km d'Ostende) à la mi-octobre vers la France. Eugeen est arrivé à Paris le 23/10/1914 et travailla du 28 octobre 1914 au 3 février 1916 comme tourneur dans les usines Renault de Billancourt et fut ensuité appelé comme soldat et envoyé au front le 30 juillet 1917.
Mon père resta tout d'abord à Rouen et travailla ensuite comme ajusteur chez Renault du 28 décembre 1914 au 26 octobre 1915 et chez Letortd à Meudon comme menuisier du 30 octobre 1915 au 10 décembre 1915.
Suivant les dire de mon père, fin 1915 un avis fut publié, probablement par l'armée belge, proposant un recrutement en vue de la création d'une usine d'armements en Angleterre. Ils seraient sous contrat de l'armée belge, mais libres de service militaire. Il reçut un contrat avec 'The National Projectile Factory" à Birtley, où il serait engagé au montage de la nouvelle usine comme ajusteur (paswerker?) du 23 janvier 1916 au 30 juin 1916 sous la direction des anglais. Après sa création, l'usine fut placée sous direction belge. Il y est resté jusqu'à la fin de la guerre dans le service d'entretien.
Dans une lettre à son frère, je lis qu'il y avait un parc d'environ 1200 machines. On y travaillait jour et nuit, chacun 12 heures. Tout le personnel de l'usine totalisait environ 6.000 persones.
La première adresse de mon père à Birtley était: Charles PEEL, Rue de Dinant B 29 B Elisabethville Birtley Co Durham. Il fut logé également dans une famille anglaise: Famille Geddling, 8 Birtley lane Birtley.
En espérant que ces renseignements vous soient utiles, je vous prie de croire à ma haute considération.
(sé) Herman PEEL
ps.: Ci-joints, quelques documents: dans la photos du groupe d'entretien, Charles PEEL est à gauche.

**retour au chapitre des équipes**
Mr Peel et le groupe d'entretien

Weelde, 22/07/1986
Gust PELKMANS
Koningsstraat. 84
2390 Weelde (Ravels)
B E L G I E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Monsieur,,

Comme étudiant en Histoire à l'Université Catholique de Leuven, j'ai présenté lors de la dernière année académique 1985-1986 un mémoire sur les industries de guerre pendant la première guerre mondiale. Par la "Gazet van Antwerpen" j'ai eu connaissance que vous étiez plus particulièrement intéressé par Birtley où s'est organisé sous l'autorité belge, une industrie de la guerre.
En résumé je voudrais vous faire part des documents de ma collection sur ce sujet:

  • Origine : Commandant Gaston Blaise , grand organisateur de l'industrie de guerre belge en France, conclut le 11 février un projet définitif de construire avec les anglais une fabrique de projectile en angleterre. Les britanniques avaient la responsabilité de la construction, de la fourniture d'énergie et des matière premières. La responsabilité belge consistait à nommer une direction et de faire appel au recrutement de personnel. Les salaires et les logements étaient placés sous la responsabilité de l'ingénieur P. (H.?) Debauche aidé par d'autres ingénieurs.
  • Etat des lieu : En octobre 1916, il y avait à Birtley 3.347 militaires belges recrutés. En 1917, on fait état de plus de 4.000 travailleurs.
  • Production: L'usine de Birtley produisit des projectiles de 5, 6 et 8 pouces fixés par les anglais. D'après les estimations anglaises, la production mensuelle devait être de l'ordre de 60.000 pièces. Ce nombre fut largement dépassé en 1917 (100.000 pièces/mois).
  • Logements des travailleurs : Au début, les ouvriers logeaient dans des locaux communautaires. Au début de 1916 les britanniques élevèrent un village (Elisabethville): outre les logements, il y avait une église, un hôpital, des écoles, des magasins et un local administratif. Les maisons étaient réservées aux travailleurs mariés et comprenaient deux à trois chambres à coucher, un salon et une buanderie. Les conditions de logements des travailleurs à Birtley étaient bien meilleures que celles dans "Léthaire" (?)
  • Trouble : Le 21 décembre 1916, survint un mécontentement général dont la cause était d'une part la rude discipline militaire à laquelle les ouvriers était soumise et d'autre part l'influence du socialisme belge naissant et le syndicalisme britannique.
Ceci n'est qu'un simple aperçu de la présence belge à Birtley.
p.s.Je serais heureux de vous envoyer plus d'informations plus tard
(sé) Gust PELKMANS.

Cuesmes, le 15/07/1986
PERRIEZ Henri
44, rue du Chemin de fer
7210 Cuesmes
B E L G I Q U E

A Monsieur McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

De l'appel qui est paru dans mon journal, je vous envoie les quelques souvenirs que j'ai gardés jalousement du passage de mon père, Henri Constant PERRIEZ, en Angleterre.
Il était soldat dans le réduit de l'Yser en 1914-1915 et encouragé par ses camarades, il s'est engagé comme artisan dans l'industrie d'armement d'Elisabethville-Birtley.
Il est revenu en bonne santé et gardant un très bon souvenir; mais nous n'avons jamais pu y retourner à cause du travail, des moyens, et petit à petit, de l'âge. Il est décédé en 1968.
Je conserve toujours un porte-feuille qu'il a fabriqué avec les (déchets) de courroies.
A part Papa, je ne connais pas l'identité des autres soldats.
Je vous souhaite bon courage pour votre travail que vous avez mis en chantier et je m'en fait un plaisir d'y participer.
Mes salutations, et aussi à vos élèves.
(sé) Perriez Henri
(76 ans et bis-aïeul)
Cuesmes est un village de 12.000 habitants au S.O. de Mons.
Anciennement des charbonnages; maintenant de l'artisanat et du travail dans la région. Toute ma famille est à l'abri du chômage et ils sont employés dans l'administration (T.V.A., Gendarmerie, Musique Militaire des Guides)
Je continue ma vie en bonne santé et sans soucis.
Certificat: Henri Constant PERRIEZ, né le 20 septembre 1885, profession de tanneur avant la guerre, Corroyeur habile à Birtley. Au centre,à droite au premier rang sur ce cliché représentant "Chez Jean, brasserie des Wallons"

Chez Jean, cabaretier

Quelques informations sur "L'école d'Elisabethville"
communiquées par Mrs F. PROWSE,
7 St Mary's Close, Shincliffe, DH 1 2 ND, DURHAM.

Au début de la guerre 14-18, l'invasion allemande en Belgique provoqua ici la présence de nombreuses familles déplacées et de nombreux soldats furent démobilisés. Le Gouvernement anglais, dans un projet audacieux, construisit à Birtley un village pour héberger quelques milliers de personnes recrutées à la "Royal Ordnance factory" de telle sorte qu'en étant payées, elles puissent aussi survivre. Le village fut appelé "Elisabethville" écrit avec un "s" comme la Reine des Belges, épouse du Roi Albert 1er, qui à cette époque était le Commandement en Chef de l'armée belge.
Quelques 900 bungalows provisoires furent construits ainsi qu'un certain nombre de barraquements confortables destinés aux célibataires.
Le Gouvernement Britannique chercha un interlocuteur connaissant bien le français et ayant une bonne expérience d'organisation. Mon père satisfaisait à ces critères et fut choisi pour être le représentant du Ministère de travail. Elisabethville s'autosuffisait remarquablement, avec un hôpital propre, une coopérative commerciale, une station de police, un couvent et une école. Le village était entouré d'une clôture, la porte surveillée par un garde et était en quelque sorte un petit morceau de la Belgique transplanté dans le nord de l'Angleterre. Le village se distingua en fabriquant plus de deux millions d'obus.
Mon père décida que ses enfants en âge d'école, mon frère ainé, moi-même et ma soeur, iraient à l'école belge. Nous y avons été. Les garçons furent catalogués "Wallons" et les soeurs "Flamandes". Les filles étaient prises en charge par les soeurs ursuline et les garçons par des soldats flamands et wallons. Un soldat belge enseignait en français dans des classes de 5 à 10 élèves. J'avais 9 ans et je me le rappelle comme étant à la fois énergique et affectueux. Il n'était pas orgueilleux mais naturellement bon avec une large culture générale ( il me vient à l'esprit qu'il avait une expérience de planteur de thé et qu'il avait travaillé en Espagne). La discipline était bonne sans être excessive, sans punitions corporelles; en fait, la discipline était meilleure que dans d'autres établissements où sévissaient des punitions corporelles. Il était en uniforme et fumait une grosse pipe en classe: un vrai homme donc!
La plupart des élèves étaient bilingues, les élèves wallons d'expression française parlaient un peu le flamand et vice-versa. Beaucoup s'exprimaient aussi assez convenablement en anglais. Un élève ne parlant que sa langue maternelle était l'exception. Dans ces circonstances il fut naturel pour moi d'apprendre le français, particulièrement au cours de géographie et d'histoire, matières relatives aux deux modes d'expression. Généralement les jeux à la récréation, étaient polyglottes. Après tout, les obligations linguistiques étaient spontanées pour tous et variaient entre les deux langues, le français et le flamand.
La journée de travail commençait en mode personnel. Tout d'abord, nous sortions notre ardoise et nos touches pour copier ensuite des problèmes d'arithmétique de difficultés proportionnelles à nos âges, puis nous récitions nos prières pendant qu'en même temps on travaillait sur les calculs. Il n'y avait pas de mise à genous, ni de punitions pour nos erreurs dans ces activités. Les questions sur des sujets religieux ne nous décourageaient pas mais n'étaient pas oppressives. L'histoire de la mort des saints nous était parfois contée mais je ne pense pas que nous étions supposées les croire.
J'avais été auparavant dans une école primaire anglaise et le modèle belge n'était pas différent. Naturellement, le système métrique était utilisé et les tables de multiplication se terminaient à 10. Plus tard, quand je fus transférée dans une école secondaire anglaise, cela m'a occasionné quelques difficultés, mais le réel cauchemar a été de compter les prix en livres, shillings et pennies (d), les volumes en boisseaux et gallons, et les mesures en pieds et pouces!
On m'a dit que l'école avait été construite pour 10 années; elle a servi 63 ans.
Il n'y a pas de doute qu'en se souvenant des dernières années seulement, alors que nous étions chauffées par un chauffage central, nous avions oublié qu'au début on se chauffait avec un poele et du charbon quand il y en avait et qu'un jour nous avons dû rentrer à la maison car l'encre avait gelé dans notre encrier!

Schoten, 31 juillet 1986
SCHELFAUT - BIESEMANS
Eugeen Verbiststraat, 17
2120 SCHOTEN
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Nous avons trouvé votre appel à propose de Birtley-ELISABETHVILLE dans la "Gazet van Antwerpen".
Mon grand-père et sa famille furent évacués de la ville d'Hérentals en 1914. Le voyage passa par Calais où ils ont pu embarquer dans un bateau de pêche à destination de l'Angleterre.
Le nom de mes grands parents est L. Van Opstal-Wouters. Il étaient accompagnés de deux enfants, Bertha et Jef. Bertha épousa plus tard Julien De Graeve, lui aussi réfugié de la ville de Gand.
Jef fit son service militaire dans l'armée belge au front.
Mes parents dont le nom est Cyriel SCHELFAUT et Maria Van Opstal, ont eu une première fille Joséphine, et plus tard une autre, Bertha, qui n'est pas née à Elisabethville. Je suis né à Elisabethville le 29 juin 1917 et reçu le nom de Juliaan, Jozef, Adolf à mon baptême par un prêtre réfugié.
Quand les réfugiés revinrent en février 1919, ce prêtre vint dans la paroisse de St Amand avec lui quelques prêtres anglais qui allèrent à la paroisse St Jacques, toutes deux à Anvers.
D'après ce qu'on m'a raconté, mon grand-père a travaillé dans une usine de munitions; il y a été très bien traité, il a bien gagné sa vie, mais il pensait souvent au pays qu'il avait quitté, surtout à l'occasion de festivités quand les chants belges et anglais étaient chantés.
Le samedi, on travaillait jusque midi (la semaine anglaise). Dans l'après-midi, la plupart des gens partait en autobus dans la campagne environnante. Il y avait une très bonne amitié entr'eux. Régulièrement, on invitait des amis pour le thé et le cake pour les anglais, ou un délicieux café avec une omelette aulard pour les belges.
Ce dont nous pouvons bien nous souvenir, ce sont les photos qui ont été prises au camp avec les baraques; au milieu il y avait une grande place, avec des enfants et des adultes dans les habits de l'époque. Nous allons essayer de retrouver ces photos et de vous les envoyer.
J'espère, cher Monsieur, avoir satisfait à votre demande et vous rencontrer un jour.
Sincères salutations.
Famille SCHELFAUT - BIESEMANS.

Hasselt, 15 septembre 1986
Peter SCHRIJVERS
Merellaan 7
3500 Hasselt
B E L G I E

A Monsieur D. McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur Murtrie,

Cette lettre concerne votre appel paru dans la journal belge "Het Laatse Nieuws" du 28 juillet 1986 sur les Belges qui travaillé dans l'industrie de la guerre à Birtley durant la première guerre mondiale.
Je suis moi-même un jeune historien belge spécialisé dans la seconde guerre mondiale. Il se fait que mon arrière grand-père a séjourné à Birtley durant la première guerre. Sa fille, ma grand-mère, Elisabeth RIGO est encore en vie et après quelques recherches, nous avons retrouvé quelques photographies et un document attestant de sa présence en Angleterre, à Birtley, pendant la guerre.
Je ne sais pas si cette information est exactement ce que vous cherchez, néanmoins ils pourraient être d'un inétrêt pour vous.
Suivant ce document, les photos et les récits de ma grand-mère, (le document a été écrit à Liège en Belgique en 1938 quand il a été retraité de l'armée), mon arrière grand-père, Victor RIGO , né à Bilzen en Belgique en 1889 fut membre de la compagnie de Chemin de fer du régiment des Ingénieurs du Roi (Rail road company of the regiment of royal Engineers). Il a été blessé (une blessure à la tête par un tir d'obus) à la station de Chemin de Fer de Furnes en Belgique le 9 décembre 1914. Le même jour, il a été transporté dans un hôpital de Calais, en France. Dix jours plus tard, il fut envoyé à l'hôpital de Portsmouth, en Angleterre. Après sa convalescence il partit pour Petersfield.
Le 14 février 1916, il se présenta à une commission de contrôle médical où on le trouva apte uniquement pour un service non militaire.
Finalement, il fut envoyé à la Fabrique de munitions de Birtley le 21 août 1916.
Ma grand-mère prétend que son père, qui fut tailleur avant la guerre, exerça sa profession sur la place d'Elisabethville au service des tailleurs belges et des anglais.
Le 28 décembre 1918, après être resté 4 années en Angleterre, il revint chez lui, dans la ville de Bilzen, pour y retrouver sa femme et deux enfants.
Mon arrière grand-mère devint une fervente anglophile jusqu'à sa mort en 1963. Durant l'occupation nazie, elle a rejoint la résistance comme bien d'autres vétérans de la première guerre.
En septembre 1944, elle fut une des rares autochtones à pouvoir s'exprimer couramment en anglais avec nos libérateurs.
Devenant historien, je réalise que les données contenues dans cette lettre sont bien maigres. Je sais aussi que la recherche en histoire ressemble à un puzzle. Ces quelques informations pourront peut-être être quelques pièces de votre puzzle.
Dans la mesure où vos recherches déboucheront sur une publication, je serais très heureux d'être tenu au courant. Je suis sûr que le public belge sera très intéressé par cette histoire et peut-être, pourrais-je vous aider dans la publication de celle-ci dans ma région.
A vous, très sincèrement,
(sé) Peter SCHRIJVERS

**retour au texte**
Chez Rigo Rue commerçante

Gerpinnes, 26/07/1986
Jacques SCORY
63 rue de Tarcienne,
6280 - GERPINNES
B E L G I Q U E

A Monsieur D.McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Il y a quelques jours, j'ai lu votre intérêt dans la recherche d'informations et de documents à propos des travailleurs belges de Birtley durant la première guerre. Si je vous avais écrit rapidement, je n'aurais pas eu le chance de trouver quelquechose qui me semble important.
Je peux vous donner des informations concernant 4 couples qui ont participé à cette histoire:

  1. Joseph SCORY et Sara-Ann BURTON, mes parents: mon père fut un soldat belge attaché au 1er et au 4e régiment de Chasseurs à pied; né à Gilly, près de Charleroi, le 25 avril 1893, il fut transféré en Angleterre en Mai 1916. Il épousa ma mère, née à Walker le 29 août 1887, et de ce mariage, je naquit le 20 septembre 1919. Mon père est décédé en 1947 et ma mère en 1969. Je peux vous en donner plus d'informations sur ce qui s'est passé après 1919, si cela vous intéresse.
  2. Fernand BELOT et Elsie JACOMB. Fernand fut soldat à la même unité. Il est né à Marchienne-au-pont. Une fille leur est née aux environ de 1921. Malheureusement, j'ai assisté aux funérailles de Elsi cette année. Elle était beaucoup plus jeune que ma mère, des environs de 1900, je crois.
  3. Auguste NAMBRU et Violette (nom inconnu). Auguste était d'origine flamande et je ne sais pas dans quelle unité il a servi. Je me rapelle qu'il est décédé immédiatement après la seconde guerre mondiale, et Violette, quelques années plus tard. Ils n'ont pas eu d'enfants.
  4. Emile DEMIL et Ethel (nom inconnu). Je n'ai pas d'informations sur eux et je ne suis pas sûr qu'Emile a travaillé à Birtley. Nous n'étions pas des amis proches et je ne peux vous dire s'il est décédé.
A leur retour en Belgique, ces quatre couples se sont établis dans la région de Charleroi, Fernand BELOT à Marchienne au pont et les autres à Gilly. Parlant à leur place, je peux vous dire que ma mère est retournée à Walker ou Walker-on-Tyne, si je me souviens bien, mais je n'ai jamais retrouvé ce village sur la carte. J'ai reçu à diner il y a quelques semaines deux joueurs de footboal du Sporting de Charleroi, Kevin PUGH et Peter HARRISON, originaire du N-E de l'Angleterre (Durham ou Gateshead) qui ne pouvaient pas me renseigner. Dans le guide Michelin, j'ai trouvé un Walker dans les faubourgs de Newcastle. Est-ce correct? Maintenant, à propos du document. Par pure chance, dans mon grenier, en regardant d'anciennes photos, j'ai trové la semaine passée le passport n°297, émis par la N.P.F. de Birtley pour mon père, Joseph SCORY, et signé par le représentant du Ministère des Munitions dont le nom semble être Major G. E. Morgan.
A l'envers du document on peut lire en farançais :
Birtley-Elisabethville
"Le nommé Scory Joseph est autorisé à circuler dans le village belge."
Le Capitaine, chef du village et Commandant de D.O.A.B.E.
(la signature semble être L. LEGRAIN) - en fait, il s'agit de Léon Algrain -.
J'ai trouvé aussi une photo de la Cathédrale de Durham en 1912 et deux croquis montrant comment ma mère et sa soeur et d'autres dames étaient habillée à l'époque.
Si ces document sont d'un utilité quelconque pour écrire un livre, préparer un exposition ou une autre démarche, ils sont à votre disposition.
Mon journal fait mention d'un livre qui serait écrit par votre école. Inutile de vous dire que si c'était le cas, je serais très heureux de pouvoir me le procurer. Vous sauhaitant bon succès dans votre entreprise, en espérant que vous recevrez d'autres témoignages de ce qu'il est arrivé entre nos deux peuples durant cette guerre.
Sincèrement vôtre,
(sé) Jacques Scory

De Haan, 11 août 1986
R. SIX-HUYGHEBAERT
molendreef 49
8420 DE HAAN
B E L G I E

A Monsieur D. McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Je lis dans mon journal local que vous recherchez des informations sur les Belges réfugiés en U.K. durant la première guerre mondiale et qui y ont travaillé dans l'industrie de guerre.
Mon père, SIX René, qui a 95 ans aujourd'hui fut un de ces réfugiés et m'a demandé, en tant que son fils, de répondre à votre appel.
Si vous souhaitez plus d'informations, vous pouvez aussi me contacter à l'adresse suivante: Mr R. Six-Huyghebaert, molendreef 49 à 8420 DE HAAN, Belgium.
P.S.: Mon père est René SIX et fut résident à Elisabethville. Amitiés
(sé) Roger SIX

Merksem-Antwerpen, 18 juillet 1986
Ludo SOMERS

2610 - Merksem-Antwerpen
B E L G I E

Aan de Heer McMurtrie,
School of Education,
Leazes Road, DURHAM DHI ITA England.

Cher Monsieur,

Dans mon journal local, "Gazet van Antwerpen" d'hier j'ai noté un article mentionant votre appel à des informations sur les habitants d'Elisabethville.
Etant historien, ceci capta mon attention et je ne sais si je puis vous être utile. Si vous souhaitez recevoir quelque information spécifique, je veux bien être à votre disposition pour la chercher.
Espérant pouvoir vous être utile dans l'avenir, je reste votre obligé.
(sé) Ludo SOMERS


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